jeudi 7 décembre 2017

Son sommeil

Le géant de cœur s’est endormi. Il tient au creux de sa main une pierre aux reflets bleutés. Une de mes pierres, qui sera maintenant la sienne. Il a trop vu, trop compris, ses sens en alerte ont besoin de fermer les yeux sur la complexité de notre monde. J’aimerais avoir un œil neuf comme il l’a actuellement. Mes yeux sont fatigués, fatigués de trop voir, de devoir tout saisir, et de regarder les gens au fin fond de leurs prunelles. Le géant de cœur s’est endormi sur mon canapé, comme un enfant lors d’une soirée trop tardive. Repose toi, reprends des forces, beaucoup de choses t’attendent, et de belles. Tu as voulu comprendre tout ce qui t’était destiné, t’enfermant dans ta propre construction. Je ne peux pas t’en vouloir, tout le monde aurait fait de même. Tu voyais ta propre évolution, ta compréhension, ta nouvelle vision. Mais… J’aurais aimé que tu me vois aussi. C’est peut-être égoïste, ça l’est sûrement. Mais j’aurais aimé que tu puisses me regarder vraiment. J’ai ouvert mon âme au bleu de tes iris, je t’ai montré toutes mes facettes, j’ai pris le risque de m’ouvrir pleinement. Je sais que tu vis beaucoup de choses en ce moment, et je suis là pour t’aider. Parce que je t’aime. Je t’aime. Cette phrase reflète le narcissisme du monde physique. Le « Je » est plus long que le « t’ », alors que c’est toi le plus important à mes yeux. Je devrais te le dire dans ma langue. « I love you ». Le « Je » est remplacé par cette petite lettre, « I », tandis que le « t’ » prend des airs de trinité sacré dans le « you ». Tu es ma trinité, ma lettre unique et mon amour. Je ne peux donc pas être égoïste. Tu ne m’appartiens pas, tu es ce que j’aime, indéfiniment, tu es tout ce pourquoi je vis. Je m’oublie donc peut-être un peu… Mon écriture est confuse, pourtant, c’est tellement clair. Laisse moi alors ce petit élan d’égoïsme et regarde-moi je t’en prie. Ou alors si tu ne me regardes pas, entr’aperçois l’immensité de mon amour et du tien. Le géant de cœur s’est endormi. Il ne peut entendre ma complainte. Il ne pourrait l’entendre réveillé non plus. Il me faudra lui dire, peut-être. Son visage est tellement apaisé. Recroquevillé, en sécurité. Je veille sur lui, tel est mon désir. Il est beau, tellement beau. Le géant de cœur se réveillera, alors ce sera à mon tour de le regarder.



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The giant of heart just fell asleep. He holds in the hollow of his hands a stone with bluish tints. One of my stones, which will be his now. He has seen too much, understood too much, his alert senses need to turn a blind eye to the complexity of our world. I would like to have a fresh eye as he currently has. My eyes are tired, tired of seeing too much, of having to seize everything, and looking at people in the depths of their eyes. The giant of heart fell asleep on my couch, like a child at a late party. Rest, gain strength, many things are waiting for you, beautiful things. You wanted to understand everything that was meant for you, shutting you up in your own construction. I can not blame you, everyone would have done the same. You only saw your own evolution, your understanding, your new vision. But... I wish you could see me too. It may be selfish, it surely is. But I wish you could really look at me. I opened my soul to the blue of your iris, I showed you all my facets, I took the risk to open myself fully to you. I know you are experiencing a lot of things right now, and I'm here to help you. Parce que je t’aime. Je t’aime. This sentence reflects the narcissism of the physical world. The "Je" is longer than the "t", whereas you are the most important to me. I should tell you in my language. "I love you". The "Je" is replaced by this little letter, "I", while the "t" takes on sacred trinity tunes in the "you". You are my trinity, my unique letter and my love. So I can not be selfish. You do not belong to me, you are what I love, indefinitely, you are the reason I live. So maybe I'm forgetting myself a bit, here... My writing is confusing, yet it's so clear. Leave me then this little impulse of selfishness and look at me, I beg you. Or if you do not look at me, see the immensity of my love and yours. The giant of the heart fell asleep. He can not hear my complaint. He could not hear it awake either. I'll have to tell him, maybe. His face is so peaceful. Curled up, safe. I watch over him, that is my desire. He is beautiful, so magnificent. The giant of the heart will wake up, so it will be my turn to look at him.

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