Retour
du géant de cœur, conscience, compréhension, vision et amour. Il
voit maintenant, il comprend maintenant, il s’est ouvert
maintenant. Il voit tout, il comprend tout, il s’ouvre à tout. Il
est beau. Il est tellement beau. Il est lumineux, tellement grand, il
aime tellement. Ma vision se trouble lorsque ses yeux me perdent à
l’infini. C’est une spirale de connaissances, de questions, de
réponses. Ses yeux sont le monde, ses yeux sont grands ouverts,
comme un enfant devant une vitrine de Noël. Devant un arbre
gigantesque. Devant l’amour de ses parents, devant le visage de son
petit frère, devant la clarté du soleil et la douceur de la lune.
Ses sens sont grands ouverts, comme devant un beau feu de camp, une
libellule qui siffle dans l’air frais du printemps, comme la buée
sur une vitre où on peut dessiner des cœurs difformes. Ses sens
s’immiscent entre tous les cœurs, toutes les émotions, se
glissent autour de mon âme et l’enlace comme un premier amour. Je
l’aime comme un premier amour, comme la première fois où on
effleure une peau désirée, comme la première fois où on pose ses
prunelles sur le premier sourire. Je l’aime comme j’ai aimé le
vent dans mes cheveux longs et courts, je l’aime comme j’ai aimé
voir mon premier coucher de soleil sur la mer. Je l’aime comme j’ai
aimé comprendre la grandeur des montagnes et la petitesse de mon
corps étroit dans mon cœur. Je l’aime comme j’ai vu et compris
pour la première fois, comme lui vient de voir et comprendre. Il
peut me voir maintenant. Il me verra comme il devra me voir, je n’ai
plus à lui montrer, il comprendra, et il prendra s’il doit
prendre. Je n’ai plus à lui faire comprendre, il verra. Il verra
comme un premier soleil, une première lune et un premier sourire
réunis. Il le voyait déjà avant mais maintenant il saura
pleinement et je n’ai plus rien à y faire, je n’ai même plus
besoin de me poser la question. Plus aucune question n’est
nécessaire lorsqu’on pose ses yeux sur lui. C’est sûr, c’est
certain, c’est réel, c’est vrai, et c’est tout à la fois. Il
est mon tout, mon univers, aussi important que la déesse au plus
profond de mon âme. Il est tout. Il n’est pas mon tout, il est
tout. Sans détour, ni alerte. Sans peur ni colère. Plus rien
n’existe, sauf l’amour. Le vrai amour. Pas l’amour du monde des
humains, l’amour de toutes les dimensions, de tous les mondes, de
toutes les causalités. L’amour de l’univers. L’amour de
l’intégralité. L’amour du géant de cœur.
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